La Légende des plaines de l'Ouest

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La légende raconte que les grandes plaines de l’ouest sauvèrent l’héritier du trône. Des marécages en bordaient les flancs orientaux. Le sol tremblait. Le paysage vallonné se tintait des teintes dorées des céréales d’été. Le sol tremblait. Un talus de terre marquait la frontière entre les plaines et les marais. Le sol tremblait. D’un bond athlétique, un étalon franchit la butte, poursuivi de silhouettes canines tout aussi agiles. Le cavalier éperonnait avec énergie les côtes de sa monture.

À ses talons, cinq gobelins juchés sur des loups agitaient des frondes. Le sol terreux plus stable permettait au cheval de distancer les poursuivants, contrairement à la surface boueuse de l’habitat de prédilection des gobelins. L’homme ne se retournait pas, déterminé à échapper à l’embuscade qui avait eu raison de sa troupe.

Une pierre rata son épaule gauche. Un grognement d’indignation résonna et d’autres pierres suivirent. Un sifflement à sa gauche l’incita à se coucher sur l’encolure de sa monture. Il ne put esquiver la suivante. Le fragment de roche arrondi percuta sa tempe droite, emplissant son crâne de sifflements et brouillant sa vue.

Il se cramponna au pommeau de sa selle, les yeux clos, ignorant le sang sur sa joue qui imprégnait aussi son col. Il tentait de recouvrer ses esprits. L’étalon galopait à vive allure. Les crocs des loups affamés claquaient non loin de sa croupe. 

Un grondement plus grave redonna espoir au chevalier. Les loups se dispersèrent lorsque la foudre frappa le sol. L’étalon, lui, garda son cap, rassuré par la caresse bienveillante de son maître. À contre-cœur, celui-ci abandonna ses pièces d’équipement métallique et dirigea sa monture droit vers les denses nuages noirs. Par des cris stridents, les gobelins tentaient de réorienter leurs bêtes apeurées. 

Le vent tomba, une lourde averse trempa le sol et étouffa les bruits de la course-poursuite. Découragés et dispersés, les gobelins cessèrent la traque. Le cavalier continua seul, dans un galop moins soutenu, cachant son visage avec sa capuche afin de protéger sa royale identité. La silhouette d’un manoir se dessina à l’horizon, isolé au milieu de la plaine. Un abri parfait pour passer la nuit et panser sa plaie.

Le lierre sur la façade et les fenêtres sombres et opaques attestaient de l’abandon des lieux. La porte d’entrée ornée d’un frappoir suspendu à une gueule-de-loup fut difficile à ouvrir. Les gonds grincèrent avant de céder. Le blessé entra ainsi qu’un filet de lumière, mettant en évidence la poussière en suspension. Un plancher massif en bois sombre et des tableaux aux murs témoignaient de la richesse des anciens propriétaires. La famille de noble semblait l’épier depuis la peinture ternie accrochée dans l’entrée.

La fenêtre du salon offrait suffisamment de lumière pour éviter d’avoir à allumer un feu. Une grande banquette garnie de coussins en plumes ferait parfaitement l’affaire pour prendre du repos. Un miroir fendu trônait au bout de la grande tablée. Le prince profita de ce moment calme pour nettoyer sa plaie entre l’arcade sourcilière et la tempe. De vieux chiffons déchirés lui servirent de bandage de fortune. La nuit approchant lui laissa tout de même le temps de faire le tour du propriétaire avant l’obscurité. Le rez-de-chaussée disposait d’une entrée suivie d’un long couloir desservant la pièce à vivre et la cuisine ainsi qu’un garde-manger.

L’étage accueillait les chambres pour toute la famille mais aucun souvenir récent n’évoquait la cause de leur départ. Le grenier fut plus révélateur. Des étagères couvertes de bocaux et des bibliothèques fournies en encyclopédies dévoilèrent l’existence d’un magicien. L’un des parents devait probablement y venir concocter quelques remèdes et étudier les vieilles formules. La visite s’acheva par la cave. Un accès y était permis depuis une petite porte en bois dans la cuisine. Fermée à clef, un coup d’épaule eut raison des planches fragilisées par les termites.

Armé d’une torche, le curieux s’élança au bas des marches. Aucune fenêtre n’éclairait la pièce. L’air était humide et frais. Le réfugié découvrait pas à pas des étagères soutenant de lourds sacs en toile plein de grains. Un mur nu en pierre se dressa devant lui. Le fond de la pièce. Aucune arme, aucune vivre à part le grain tout sec. L’homme tourna le dos au mur et s’adossa lourdement en soupirant. Le retour à la capitale semblait compromis. Un clic survint de derrière son dos et la paroi sembla s’affaisser. 

Un courant d’air puissant éteignit sa torche mais une lueur bleutée lui montra la voie. Une nouvelle pièce s’offrait à lui. Un plateau en bois sur un pied métallique se tenait au centre de la pièce, pour seul meuble. La lueur émanait d’un orbe sphérique, lisse et miroitant. Le regard du prince se perdit dans les méandres à l’intérieur du globe en verre. Il s’approcha suffisamment pour le toucher. Des images et de sons emplirent soudainement sa tête, comme projetés dans son espace intérieur, grondants et envahissants.


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La légende raconte que les grandes plaines de l’ouest sauvèrent l’héritier du trône. Elle raconte aussi qu’elles protégèrent le royaume des hommes, grâce à un trésor oublié.

 Aslaug – Contes & légendes

* L'illustration de cette légende représente des grandes plaines dans un royaume (3 terrains de type plaine adjacents).

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