La Légende des marais sanglants

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La légende raconte que le roseau carmin, endémique de la région lacustre, donna son nom aux marais sanglants. Leurs longues tiges vertes surplombées de pompons rouges bordaient chaque vasque et canaux qui creusaient les méandres labyrinthiques des marécages. Friandes du climat et du sol de glaise, leurs tiges plongeaient dans l’eau trouble et prenaient racine dans la boue. La vaste étendue des marais offrait une étonnante mosaïque alternant tâches miroitantes et tâches rougeâtres.

Rares étaient les visiteurs, car même les gobelins y perdaient leur chemin. L’excursion se tint tout de même de nuit, pour éviter à la poignée de volontaires de faire de mauvaises rencontres. Les torches et la lune brillaient comme des yeux de félins au creux des puits d’eau. Les trois hommes, le jeune, le sage et le muletier avançaient précautionneusement. La mule supportait sur ses flancs deux paniers d’osier profonds. Une quête vitale les avait poussés à braver les lieux, dangereuse intrusion en territoire ennemi.

La veille, à la porte de l’herboristerie, une foule agitée aux visages protégés d’un bout de tissu en lin avait eu raison de stocks de pollen carmin. L’alchimiste les chassa par de grands mouvements de bras.

- Il n’y a plus de médicament. Revenez au prochain réapprovisionnement ou allez les cueillir vous-même ! Je ferme boutique.

- Mais monsieur, insista le jeune, ma mère a de la fièvre depuis maintenant trois jours.

- Et mon fils, rétorqua le muletier, il saigne par tous les orifices.

- N’y a-t-il aucun autre remède à cette maladie, cette malédiction ? Questionna le sage.

- Non messieurs, seule la poudre rouge peut éteindre le feu dans le sang. Je vous conseille les marais sanglants pour la cueillette. Bonne chance !

L’herboriste disparut et la porte claqua. Les trois hommes restèrent silencieux en échangeant des regards inquiets mais animés par la détermination. 

La femme du sage tira énergiquement sur sa manche.

- Tu ne comptes pas y aller ?

- C’est trop dangereux ! Ces marais sont maudits. Personne n’en revient indemne.

- Imagine si c’était toi. Ne mangeant plus, ne dormant plus, à l’agonie au fond de ton lit. Tu connais cette plante. Tu dois y aller.

Le sage se tourna vers le muletier.

Monsieur, votre présence m’aiderait grandement. Une cargaison complète de votre mule suffirait à sauver la ville.

- Je viens aussi, intervint le jeune. Je me charge des gobelins !

Le trinôme de volontaires décida de prendre la route à l’aube et gagner les marais à la tombée de la nuit.

Après une heure de marche et plusieurs désembourbages de la mule, les roseaux carmin tant attendus s’offrirent à eux. Équipés de couteaux, ils entreprirent de récolter l’extrémité de la tige, cylindre plus épais couvert de la fameuse poudre curative. Les paniers se remplissaient. Le calme régnait. Seul le bruissement des tiges trahissait leur présence. Le filon épuisé, tout trois avancèrent jusqu’à la prochaine vasque.

Celle-ci était bien ronde, aux bords réguliers. Trop réguliers. Des pierres sculptées de taille similaire démarquaient les limites de l’étendue aqueuse. Une rune apparaissait sur la surface lisse de chaque dalle. L’arrondi parfait et les inscriptions runiques ne laissaient aucun doutes. Le plus âgé des hommes se pencha et approcha sa torche.


Portail Magique : Permet de faire communiquer les cartes adjacentes au portail.

Il est écrit : âmes courageuses, franchissez la voûte ; vers ma jumelle vous serez transportés.

La légende raconte que le roseau carmin, endémique de la région lacustre, donna son nom aux marais sanglants. Elle raconte qu’un portail y reposant fut un jour la clef de la victoire des hommes contre les gobelins.

  Aslaug - Contes & légendes * L’illustration de cette légende représente de grands marais dans un royaume (3 terrains de type marais adjacents).

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